DIFFÉRENCE ENTRE L’INCESTE ET LE VIOL

 

Jacqueline Kelen : « Bonheur, bien être, lâcher prise, méditation, développement personnel et amour de soi, tels sont les articles les plus vendus au magasin des illusions » Le jardin des  vertus – Editions Salvator.

Cette introduction pour parler d’un fait de société, moins glamour que tous ceux cités par Jacqueline Kellen, qu’est l’inceste.

Dans cet article, il ne s’agit pas de juger ce qui est plus grave ou moins grave.

Définition de l’inceste (petit robert) : du latin « incestus » = non chaste. (On peut l’interpréter comme quelque chose qui est impure, non chaste et qui contamine la famille) Relations sexuelles entre un homme et une femme parents ou alliés à un degré entraînant la prohibition du mariage.

Déjà, c’est mal parti, puisque l’on parle d’un homme et d’une femme et non des enfants et cela est ramené à la notion de mariage.

Définition du viol (petit robert) : acte de violence par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme, contre sa volonté.

Il y a environ 33 ans, le viol est devenu un crime jugé en cours d’assise.

Dans le code pénal, le mot inceste n’existe plus, alors que le viol est cité dans 14 articles.

La victime d’un viol et espérons le, n’est victime qu’une seule fois, quant à l’inceste, l’acte n’est jamais isolé, cela peut durer toute l’enfance et parfois jusqu’à l’adolescence.

On entend dire souvent que l’inceste est déjà dans le code pénal. Cependant, l’inceste n’est pas dans le code pénal en tant que crime spécifique comme le viol. Car cet acte se retrouver éparpillé entre 3 qualifications :

  • Le viol
  • L’agression sexuelle
  • L’atteinte sexuelle avec surprise.

Cela ne simplifie rien dans le cadre d’un procès. D’autant que le législateur, y compris les métiers concernant la psychologie sont très peu informés et/ou mal formés. Le droit pénal peine à s’appliquer dans les tribunaux car c’est parole contre parole, les preuves matérielles des faits où il y a eu violence, contrainte, menace ou surprise sont difficiles à faire, (souvent on ne s’attache pas à la série de symptômes récurrents et identiques chez tous les enfants « incestés »). Quand il s’agit de lien familiaux péri-incestueux (comme le beau-père, l’amant de la mère en visite le week-end, le cousin, le frère, la sœur, l’oncle) cette configuration échappe à la disposition du droit. En effet, la qualité d’autorité à des jeunes de ce type de lien (oncles ou frères mineurs) n’est pas reconnue par le législateur.

Depuis la loi du 14 mars 2016 sur la protection de l’enfance, l’inceste est officiellement interdit, mais l’article 222-31-1 dénomme inceste uniquement les actes sexuels commis sur un enfant mineur. Cette loi bancale laisse supposer que pour un jeune adulte de 18 ans, ce crime est moins grave.

Pourtant la violence sur l’enfant est peu commune, mais l’élément de surprise est rarement invoqué, quant aux menaces, elles sont souvent postérieures aux actes, il s’agit de faire garder le secret à l’enfant, la contrainte est donc toujours contrôlée.

Ce qui qualifie un viol : il n’y a pas de consentement et il doit y avoir pénétration. Or, un enfant, ne peut pas dire « non » face à l’adulte qui représente l’autorité. Donc, on peut penser que l’enfant est consentant ou bien « malade » pour avoir « allumé » l’adulte.

Si ce crime passe en correctionnelle, le juge peut juger qu’il y ait atteinte sexuelle, sans menace, sans surprise, sans violence, sans contrainte, ce qui peut laisser supposer que l’enfant soit consentant.

Malheureusement, notre société n’a pas conscience du crime et il est possible d’aller même plus loin, c’est un crime contre l’humanité.

Une victime d’un viol est entourée, reconnue, reste dans son environnement sécurisant,  dans l’inceste, c’est l’enfant qui est placée dans une autre famille (le frère, le beau père, le mari, lui, reste dans la famille), famille pas toujours équilibrée suffisamment pour accueillir un enfant fracassé de l’intérieur. L’inceste bouleverse la famille, la mère ne veut parfois, même pas reconnaitre que c’est son mari, son amant qui a commis cela. Les interactions familiales deviennent complexe et c’est souvent l’enfant qui est rejeté par la famille, finalement, « le monstre » c’est lui, l’enfant. L’agresseur, quand c’est le père est parfois le seul qui fait vivre la famille, alors, s’il va en prison qui soutient la famille ? alors,  l’enfant n’a plus qu’une solution encrypter en lui le secret et se taire à jamais.

Au niveau de la justice quand l’inceste est reconnu, il existe un fond d’indemnité quand l’enfant est majeur, ce fond est repris par la famille.

Combien de fois, il est possible d’entendre, que finalement, ça n’est pas si grave, quand c’est le cas d’un frère qui viole sa petite sœur où l’un des parent répond  que l’on peut jouer à « touche pipi » ou que certainement dans d’autres sociétés cela est permis, puisque l’inceste entre adultes majeurs est autorisé et n’est pas reconnu par la loi.

L’inceste est encore tabou, et si le sujet est aujourd’hui abordé, certains disent que c’est un effet de mode, peut on parler de mode face à un crime aussi grave ? Un crime  qui enferme l’enfant dans la loi du secret, qui ne permet pas de dire une fin à l’histoire, d’où le sentiment d’être isolé de tout, incompris, rejeté, honteux, coupable, humilié, trahi.

Or, l’inceste est un crime du lien, d’où les sentiment de trahison, de honte, de dégout de soi, de culpabilité qui créent des conséquences psychologiques graves chez l’enfant qui devient adulte : dépendance affective qui peut entraîner plus tard, chez la jeune femme, le fait d’entrer en relation avec des hommes violents, manipulateurs, avec une demande forte d’amour et d’investissement affectif auprès du partenaire, une incapacité à savoir se défendre face à toutes sortes d’abus que l’on peut rencontrer au cours de sa vie, car la personnalité a été déstructurée dès l’enfance, avec une impossibilité de pouvoir nommer ses propres limites,  souffrance psychologique importante, interaction familiale douloureuse, recherche importante de stimulants (drogue, conduite sexuelle à risque), la difficulté à savoir faire confiance car le sentiment de trahison et de culpabilité est énorme. L’adulte se construit avec un sentiment de vulnérabilité intense, parfois, l’inceste est accompagné par d’autres maltraitances (violences conjugales, harcèlement banalisé par les parents de la part des frères et sœurs, humiliation et sarcasmes, casser les objets de l’enfant, attouchements sexuels). L’enfant est abandonné au cœur de la famille, refoulé, « le monstre » c’est lui et surtout, s’il ose la parole, d’où un sentiment d’abandon, de rejet et une quête de reconnaissance inouïe et peu de parents soutiennent leurs enfants.

L’émoussement affectif reste figé, la personne vit en état de sidération permanent, vit des cauchemars répétitifs, vit aux aguets, avec des états d’hyper vigilance qui peuvent entraîner des troubles du sommeil. Il  y a une perte de la réactivité (incapacité à savoir se défendre dans une situation d’abus) la personnalité est modifiée car pour ne pas souffrir la personne se coupe émotionnellement d’elle-même, le déni est massif.

Les réponses comportementales sont parfois inadaptées, les problèmes relationnels sont importants avec des difficultés à gérer les états émotionnels, avec des évitements, des fuites, des rétractations fréquentes au niveau relationnel. Larmes incontrôlables alternant avec des crises de fou rire.

Il peut y avoir aussi une amnésie totale des pans de sa propre histoire, l’enfant devient comme un voyageur sans bagage, le tout accompagné de troubles de la perception de soi, des pertes de repères, (qu’est ce qui est juste ou pas, qu’est ce qui me respecte ou pas, comment les limites sont posées ?) la passivité de l’enfant ou de l’adulte qui a subit ce crime est déconcertante, certains enfants ou adultes se suicident ou font des tentatives de suicides car ils ne se comprennent pas eux-mêmes, violence envers soi-même (comme les scarifications, provocations face à l’autorité à l’école, marginalisation, drogues, prostitution…). Ce faisceau de symptômes devrait suffire comme preuve pour écouter la parole.

La Vie dans son essence la plus pure, m’a toujours traversée et quoiqu’il se passe, j’ai toujours eu confiance en elle, et c’est cette Vie, ce silence intérieur nourrissant que je mets au service de la Vie, la joie, la paix, ne m’ont jamais quittée.

Je propose de mettre mon expertise en tant que professionnelle de la relation d’accompagnement, médiatrice, spécialisée en victimologie avec la « panoplie des mes outils personnels »,  auprès des personnes qui ont vécues de tel traumatisme et qui ont encore les neurones enfermés dans une toile d’araignée où l’évènement traumatique est au centre.

C’est votre vie qui change enfin, quand quelqu’un dit : « je vous crois ». Cela permet de vivre enfin à l’endroit car ne pas parler et conserver le secret est encore bien plus grave en héritage pour ne plus être victime et pouvoir se reconstruire.